Par Dominique Salva, publié le

Madame de Villeblanche, sonates pour une amante défunte

Madame de Villeblanche, Sonate n° 1, 1er mouvement interprété au piano par Jean-Yves Serreault, 2019, Youtube

L’épouse chérie

Martin Knoller,
Portrait de femme au piano-forte, 1790, localisation inconnue – Source Drouot

Dans le supplément du Journal de Paris daté du 29 décembre 1790, un court article annonce la parution, chez Désormery1 à Paris, d’un recueil de quatre sonates pour piano-forte ou clavecin signées Madame de Villeblanche2. J’ai trouvé cette annonce remarquable à plus d’un titre. D’abord, parce que le pays est en pleine Révolution et l’entrefilet a quelque chose d’insolite vu de 2024, petit fait anodin au milieu d’une période historique qu’on connaît surtout pour ses événements politiques et sociaux. Ensuite, parce qu’à cette époque — qui est celle de Mozart — les femmes qui composent de la musique sont très rares : elles se comptent, en France, sur les doigts des deux mains. Enfin, parce qu’au moment où paraissent ces partitions, Madame de Villeblanche est morte : c’est son mari qui les a fait éditer, en souvenir d’elle. Dans la dédicace placée en tête du recueil, il écrit avec émotion : « Elle n’est plus… à vingt-quatre ans à peine, la Mort a frappé du même Coup l’auteur de ces charmants ouvrages, et le plus rare assemblage des grâces, des vertus, de l’amabilité et de tous les talents3 ». Et il conclut : « Je transmets à la postérité ses talents et j’immortalise mes regrets. » Qui était cette musicienne douée et cette femme aimée ? Qui est Madame de Villeblanche ?

« Musique », Supplément au Journal de Paris, n° 363, 29 décembre 1790, p. ij – Source Google Books

Madame sa nièce

Chronologiquement, le piano-forte ou forte-piano, inventé au début du 18e siècle par un facteur d’instruments italien, se situe entre le clavecin et le piano qu’on connaît aujourd’hui. Mais il est plus proche en sonorité du premier, même s’il offre davantage de nuances, selon la force exercée sur les touches. D’où son nom italien, gravicembalo col piano e forte (abrégé en piano-forte), c’est-à-dire un clavecin à la fois doux et fort. Des quatre sonates composées par Madame de Villeblanche pour cet instrument, les trois premières contiennent chacune trois mouvements, la dernière seulement deux. Sa mort l’a-t-elle empêchée d’en achever l’écriture ? Ces œuvres sont représentatives du « style galant », très à la mode entre 1730 et 1780, et qu’on peut définir comme « la rencontre entre le souci du prestige technique et l’obligation de rester plaisant4 ». Dans son entrefilet, le Journal de Paris souligne la qualité des quatre sonates « dont les motifs sont neufs & les traits brillans, sans nuire aux grâces du chant. ». Le mari évoque quant à lui « les amateurs de musique et les Virtuoses » qui ont connu la compositrice, ce qui laisse penser qu’elle a vécu dans un milieu musical et a été reconnue pour son art de son vivant.

Et, de fait, la publication de deux autres recueils de sonates, non pas composés par Madame de Villeblanche mais qui lui ont été dédicacés comme cela se faisait à l’époque, vient accréditer ces hypothèses. Le premier, contenant trois sonates datées de 1782, est signé Nicolas-Joseph Hüllmandel, compositeur et pianiste5. Là aussi, la dédicace est instructive : « Vos talens me procurent des Eloges, qui ne sont dus qu’aux dispositions étonnantes et précoces dont la nature vous a favorisée. Si vous daignés exécuter quelques fois ces Sonates, vous leur prêterés des agrémens qu’elles n’ont pas et je vous devrés de nouveaux succès. » On comprend ainsi que Madame de Villeblanche, à laquelle on s’adresse avec déférence, a été la brillante élève de Hüllmandel. Rien d’étonnant à cela : venu de Strasbourg à Paris vers 1776, en vogue à la cour de Louis XVI, Hüllmandel était alors le professeur de musique de plusieurs personnalités de l’aristocratie.

Piano carré, 1789, Paris, maison Érard, coll. Philarmonie de Paris, musée de la Musique, cote E.977.7.1 – Source Philarmonie de Paris, photo Claude Germain

Le second recueil rassemble en 1785 trois sonates pour clavecin, avec accompagnement de violon. Leur auteur se nomme Michel Paul Guy de Chabanon. On trouve toutefois mention de leur parution dans Le Mercure de France du 29 juin 1785. Une annonce qui apporte une précision importante : les compositions ont beaucoup de mérite, mais « elles semblent en avoir encore davantage sous les doigts brillans de Mme sa nièce, à qui elles sont dédiées. 6» Madame sa nièce donc.

Chabanon est né en 1730 à Saint-Domingue, colonie française depuis 1697, située dans l’ouest de l’île d’Hispaniola. C’est un érudit de l’époque des Lumières, un lettré multifacette, virevoltant d’une discipline à l’autre, violoniste et musicologue, écrivain, académicien, ami de Voltaire. Mais je n’ai trouvé dans sa généalogie aucune nièce susceptible d’être Madame de Villeblanche. Une autre source m’a donné un nouvel indice, prouvant par ailleurs que 30 ans après la mort de la musicienne, on se souvenait encore d’elle : en 1829, la Revue musicale évoque « Mme de Villeblanche, nièce de Chabanon, et si nous ne nous trompons, mère de M. de Villeblanche, jeune compositeur plein de talent, élève de [Joseph] Woelfl, pour le piano, et qui perdit la vie dans la désastreuse campagne de Moscou.7 » Quelques lignes, qui vont me permettre de remonter la piste.

Portrait de famille

Le jeune homme qui est mort lors de la campagne menée par Napoléon en Russie pendant la seconde moitié de 1812, c’est Armand Levasseur de Villeblanche. Auditeur au Conseil d’État, il a été nommé par l’empereur intendant du gouvernement de Smolensk le 24 août 1812, quelques jours après que la ville a été détruite et conquise par la Grande Armée. Mais à l’automne, le vent a tourné et les Français battent désormais en retraite. Le 16 novembre, pendant la bataille de Krasnoï et tandis qu’il vient en aide à un colonel blessé, Armand de Villeblanche a la tête emportée par un boulet de canon8. Il avait 28 ans. Avant de finir si tragiquement, il avait composé un peu de musique — dont quelques sonates pour piano, un opéra et un opéra-comique9 — comme sa mère. Cette femme s’appelle Charlotte Madelaine Louise de Pernet10. Voilà notre compositrice. Remontons sa généalogie.

Son père, Charles Hyacinthe de Pernet, écuyer, est mort en 1765, peu avant sa naissance. Sa mère, Marie Louise Bouchaud de La Foresterie, vient d’une famille de colons nantaise établie à Saint-Domingue et enrichie grâce aux plantations de canne à sucre et de café.

Agostino Brunias, Marché du lin, Dominique, vers 1780, Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection, inv. B1981.25.76 – Source Wikimedia Commons

J’ai trouvé peu d’informations sur l’enfance de Mademoiselle de Pernet, probablement venue en France très jeune avec sa mère. En octobre 1781, à « 15 ans passés », la jeune fille désormais orpheline doit être émancipée. Elle vit alors à Paris. L’affaire semble un peu précipitée. Dans le registre de tutelles, on lit : « les affaires de ladite demoiselle ne permettent pas d’attendre le temps suffisant pour faire venir l’acte baptistaire ». Ainsi, on ne connaîtra pas avec précision sa date de naissance, seulement qu’elle est née en juin 1766 dans le quartier de la Marmelade, dans la colonie de Saint-Domingue. Michel Paul Guy de Chabanon est nommé curateur et tuteur. Ce n’est pas son oncle, mais « un cousin à la mode de Bretagne » comme on dit alors, leurs mères étant sœurs11. Peut-être leur écart d’âge et les responsabilités de Chabanon sur sa cousine ont-ils davantage fait ressembler leurs rapports à une relation oncle/nièce.

Une si courte vie

Après son émancipation, il reste à Mademoiselle de Pernet huit années à vivre, huit années pour devenir tout à la fois épouse, mère et compositrice. Son mariage avec René Armand Levasseur de Villeblanche, major de la marine décoré de l’ordre de Saint-Louis, est célébré dès le 6 avril 1782, en l’église Saint-Eustache à Paris. Si l’homme n’est pas un vieux barbon, c’est tout de même un adulte de deux fois son âge, la jeune fille n’ayant pas encore atteint ses 16 ans. Elle quitte le couvent des Ursulines du faubourg Saint-Jacques où elle vivait, pour s’établir avec son mari dans un hôtel particulier du 302 rue de Grenelle-Saint-Germain, paroisse Saint-Sulpice12. Leur fils naît en 1784, suivi d’une fille en 178713.

Madame de Villeblanche n’a pas vu grandir ses enfants. Elle est morte chez elle le 11 août 1789 et sa notice nécrologique a été publiée le surlendemain dans le Journal de Paris14. Une semaine plus tôt, dans la nuit du 4 août, selon le vote de l’Assemblée nationale constituante, la noblesse et le clergé avaient perdu leurs privilèges. Mais les événements politiques ont sans doute pesé bien peu sur les derniers jours de la jeune femme. Quel mal lui a ôté la vie, à seulement 23 ans15 ? Une maladie ? Une grossesse ou un accouchement difficiles ?

Dans l’inventaire après décès rédigé en septembre 1789, tout a été consigné et chiffré des possessions de la communauté que formaient les deux époux : de la tasse à bouillon aux trois juments à poil noir, du jupon de percale à la montre signée Ferdinand Berthoud, des liquidités à la propriété et aux terres de Saint-Domingue. Une femme de chambre et un domestique vivaient à demeure, mais si vaisselle et argenterie ont été recensées, on ne trouve aucune provision de bouche dans les cuisines : les repas étaient pris chez Madame de Tréville, mère de Monsieur. On pratiquait la peinture, on lisait — dans la bibliothèque, 40 volumes des œuvres de Jean-Jacques Rousseau et un dictionnaire franco-anglais, entre autres. J’ai noté avec émotion la présence, dans le boudoir attenant à la chambre avec vue sur le jardin, d’« un forté piano en bois d’acajou ». L’énumération est longue, mais ces 25 pages ne sont pas si impressionnantes en regard, par exemple, des quelque 190 feuillets de l’inventaire après décès du ministre de Louis XVI Phélypeaux, mort à la même époque.

« … un forté piano en bois d’acajou… », Inventaire après décès de mademoiselle de Pernet, épouse Levasseur de Villeblanche, Minutes et répertoires du notaire Louis Boursier, 11 septembre 1789, AN, cote MC/RE/XXVII/7 – Photo DS

On ne saura probablement jamais quand précisément Madame de Villeblanche a écrit ses sonates. Avant ou après son mariage ? Du temps de la tutelle de Chabanon, qui indique parmi les dépenses engagées les sommes payées « à M. Dubois pour faire le cours de musique16 » ? Ou après son apprentissage auprès de Hüllmandel ? Registres de tutelles, contrat de mariage, inventaire après décès, les archives que j’ai consultées ne parlent pas d’art, seulement de droit. Veuf éploré, Monsieur de Villeblanche, devenu député suppléant de Saint-Domingue17, fit paraître le recueil des sonates, mais il ne fut pas éternellement inconsolable : il finit par se remarier, en 1816. Il avait alors 66 ans et son épouse 28, l’âge de sa propre fille. La jeunesse des femmes est décidément une consolation dont on ne saurait se priver.

Une source d’inspiration

Incidemment, cette enquête m’a permis de découvrir une nouvelle partition au nom de Madame de Villeblanche. En 1828, Désormery a publié un recueil de treize études et morceaux pour le piano18, où l’on trouve, selon la Revue musicale, « du chant, de l’élégance d’harmonie, et une certaine pureté de forme qu’on a trop oubliée. » J’ai retrouvé ce recueil dans les fonds de la BnF19 : cinq morceaux sont de Désormery, un de Chabanon, un de Hüllmandel ; cinq sont signés Marie-Victoire Jaquotot, « peintre du roi », dont on découvre au passage les dispositions de musicienne. Le 13e est donc attribué à Madame de Villeblanche. Il semble toutefois que cette pièce, où l’on trouve repris le thème du 2e mouvement de la sonate n° 1 de la compositrice, soit l’œuvre de J. B. L. Désormery lui-même20, sous forme de variations inspirées par un motif musical qui lui avait sans doute beaucoup plu.

Vari autori, Seconde Suite d’études et morceaux de différents caractères pour le piano publiée par J. B. L. Désormery, Paris, Richault, [1828], p. 1 (cote BnF VM8 S-265) – Source BnF

Madame de Villeblanche a été inhumée bien avant que la ville de Paris se dote de ses cimetières actuels. Sa tombe a disparu et il n’existe plus de sépulture sur laquelle se recueillir21. Je n’ai pas non plus trouvé de portrait la figurant. Il reste, pour se souvenir d’elle et méditer sur sa courte vie, quatre sonates et un andante, à écouter et à jouer. Cela peut sembler peu pour figurer au rang des compositrices françaises. Mais si l’on songe qu’aujourd’hui encore, seulement 10 % des artistes qui composent de la musique en France sont des femmes22, même la plus modeste mérite qu’on la tire de l’oubli.

Un grand merci à Claire Montel pour avoir déchiffré la partition de 1828 et à Jean-Yves Serreault pour sa précieuse collaboration.

Enregistrements

  • Intégrale des sonates de Madame de Villeblanche, 178?, interprétées au piano par Jean-Yves Serreault en 2019, Youtube
  • Andante sur un thème de Mme de Villeblanche (partition publiée en 1828 par Jean Baptiste Léopold Désormery), interprété au piano par Jean-Yves Serreault en 2024, Youtube
  • Andante, sonate n° 1, interprété au piano-forte par Lucie de Saint Vincent, 17 mars 2019, festival Présence féminine (Saint-Mandrier), Youtube

Archives de Madame de Villeblanche et de sa famille

Émancipation de Mlle de Pernet, 15 octobre 1781, Registre de tutelles, Châtelet de Paris et prévôté d’Île-de-France, Archives nationales (Paris), cote Y 5086A ; Inventaire après décès de mademoiselle Bouchaud de La Foresterie, épouse Pernet, Minutes et répertoires du notaire Bernard Doillot, 18 octobre 1781, AN, cote MC/ET/XCVI/519 ; Contrat de mariage entre René Armand Levasseur de Villeblanche et Madelaine Charlotte Louise de Pernet, 6 avril 1782, notaire Bernard Doillot, Minutier central des notaires de Paris, AN, cote MC/ET/XCVI/521 ; Fiche de mariage De Pernet-Levasseur de Villeblanche, 9 avril 1782, Saint-Eustache, Fonds Andriveau (disponible sur Filae) ; Tutelle De Pernet, femme Levasseur de Villeblanche, 16 janvier 1788, Registre de tutelles, Châtelet de Paris et prévôté d’Île-de-France, AN, cote Y 5161B ; Inventaire après décès de mademoiselle de Pernet, épouse Levasseur de Villeblanche, Minutes et répertoires du notaire Louis Boursier, 11 septembre 1789, AN, cote MC/ET/XXVII/494 ; Tutelle Levasseur de Villeblanche, 9 septembre 1789, Registre de tutelles, Châtelet de Paris et prévôté d’Île-de-France, AN, cote Y 5182A ; Registre journalier d’inhumation, 28 août 1830, cimetière de Montmartre, Archives de Paris

Généalogie succincte mise en ligne sur Généanet

Notes et références

  1. Il s’agit de Jean Baptiste Léopold Bastien Désormery (Bayon, 1740-Paris, 1847), chanteur, professeur et compositeur d’opéras. ↩︎
  2. « Musique », Supplément au Journal de Paris, n° 363, 29 décembre 1790, p. ij 🔗 ↩︎
  3. Madame de Villeblanche, Quatre Sonates pour le piano-forte ou le clavecin, Paris, Desormery, gravées par Mme Brichet de Saint- Quentin, 178?, BnF, Bibliothèque du Conservatoire 🔗 ↩︎
  4. Jean Massin, musicologue cité dans « Style galant », Dictionnaire de la musique, Larousse 🔗 ↩︎
  5. Nicolas-Joseph Hüllmandel, Trois Sonates pour le piano forte ou le clavecin avec accompagnement d’un violon ad libitum pour les deux premières et obligé pour la troisième, dédiées à Madame de Villeblanche… Gravées par Mme Oger…, 1782 (voir sur Gallica) ↩︎
  6. « Annonces et notices », Le Mercure de France, n° 23, 4 juin 1785, p. 143 🔗 ↩︎
  7. « Annonces », Revue musicale, tome IV, 1829, p. 359 🔗 ↩︎
  8. Émile Marco de Saint-Hilaire, Histoire de la campagne de Russie pendant l’année 1812 … Volume 2, Paris, Penaud, 1848, p. 338 🔗 ↩︎
  9. Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. Tome 8, Bruxelles, Méline, Cans et Cie, 1837-1844, p. 458 🔗 ↩︎
  10. Dans les différentes archives, l’ordre des prénoms est généralement Charlotte Madeleine Louise. Mais sur son acte de mariage, une rectification a été faite, plaçant le prénom Charlotte en 2e position et la jeune fille a signé « M. C. L de Pernet ». ↩︎
  11. Paul-Henri Gaschignard, « Généalogie de la famille Bouchaud, de Nantes et Saint-Domingue », Généalogie et histoire de la Caraïbe, n° 178, février 2005, p. 4437 (disponible sur Geneanet) ↩︎
  12. Appartenant à « M. de Bereulle » (cf. inventaire après décès du 11 septembre 1789) ↩︎
  13. Armand Charles naît le 7 juillet 1784 et Auguste Monique Hermine le 12 juillet 1787 (cf. tutelle Levasseur de Villeblanche du 9 septembre 1789). Je n’ai pas trouvé ce qu’était devenue cette enfant. ↩︎
  14. « Morts », Journal de Paris, n° 223, 11 août 1789, p. 1006 🔗 ↩︎
  15. Son mari écrit quant à lui qu’elle avait « 24 ans à peine ». ↩︎
  16. Contrat de mariage entre René Armand Levasseur de Villeblanche et Madelaine Charlotte Louise de Pernet, 6 avril 1782, cf. infra ↩︎
  17. « René, Armand Levasseur de Villeblanche », base Sycomore, Assemblée nationale 🔗 ↩︎
  18. « Musique instrumentale », Journal des artistes, n° XXIV, 14 décembre 1828, p. 384 🔗 ↩︎
  19. Vari autori, Seconde Suite d’études et morceaux de différents caractères pour le piano publiée par J. B. L. Désormery, Paris, Richault, [1828], 87 p. (cote BnF VM8 S-265) ↩︎
  20. Jean-Yves Serreault, échanges par mails, mars 2024 : « Sa structure est […] calquée sur celle du 2ème mouvement de la sonate n°1 : le thème de Mme de Villeblanche est joué 3 fois, dans la même tonalité que la sonate, suivi par 2 couplets et une coda. Les couplets de l’étude sont des variations des couplets de la sonate. Un fait majeur est qu’elle monte au-delà des 5 octaves traditionnelles de fa à fa qui existaient à l’époque où Mme de Villeblanche vivait. Elle monte au do 6 : la tessiture est de 5 octaves et demie. Ceci implique qu’elle est postérieure à 1790, et donc n’a pas pu être écrite par Mme de Villeblanche. Mon hypothèse est que le thème de la sonate a beaucoup plu à JBL Désormery, et que c’est lui qui aurait écrit cette « étude », sous forme de variations par rapport à l’original, sans doute bien après 1800 (La publication ne peut être que postérieure à 1805, date de création de l’imprimerie Richault.) La partition donne aussi des indications d’utilisation de la pédale forte, qui existait certes dès 1786 mais était très peu répandue, et du métronome (breveté en 1816). Ces deux points ne contredisent pas une éventuelle attribution à Mme de Villeblanche car ils peuvent avoir été ajoutés par l’éditeur sans dénaturer la partition originale, à la différence de la tessiture. […] Je propose de lui donner le titre d’ « Andante sur un thème de Mme de Villeblanche » et non « étude », car en fait le mot « étude » n’apparaît que dans le nom du recueil (« études et morceaux »), et on n’a pas l’impression d’une étude qui ferait travailler un aspect technique particulier. […] Je fais l’hypothèse que c’est JBL Désormery lui-même qui l’a composé, car il aurait sinon indiqué le nom d’un compositeur tiers (et qui ne peut être Mme de Villeblanche, compte tenu de la tessiture). » ↩︎
  21. René Armand Levasseur de Villeblanche a été inhumé le 28 août 1830 au cimetière de Montmartre, dans un emplacement appelé « place du Moulin », aujourd’hui non identifié. Il n’est pas possible de savoir si les restes de Madame de Villeblanche avaient été placés à ses côtés. ↩︎
  22. « Place aux compositrices ! », Carrefour de la création, podcast France Musique, 12 janvier 2020 🔗 ↩︎

Remarque: dans sa notice consacrée à Madame de Villeblanche (A Guide to Piano Music by Women Composers, volume I, Bloomsbury Publishing, 2002, p. 189 🔗), Pamela Y. Dees indique que son nom de jeune fille serait Dreux et s’interroge sur sa parenté avec les artistes du 19e siècle Pitre-Michel de Villeblanche et Zoï Villeblanche. En réalité, il s’agit d’un couple, dont le nom de famille complet est Michel Villeblanche : Pierre Alain (Saint-Malo, 1820 – ?, av. 1886), avocat et compositeur, et son épouse Zoé Léontine Alexandrine, née Dreux (Saint-Servan, 1827 – Neuilly-sur-Seine, 1897), mariés en 1848 à Paris. Leurs noms sont notamment liés à un opéra-comique créé en 1852, Les Fiançailles des roses : paroles de Charles Deslys, musique signée P. Villeblanche, et partition réduite pour le piano par Zoé Villeblanche (à voir sur Gallica 🔗). L’erreur qui a transformé le prénom Pierre en Pitre vient d’une coquille dans la Bibliographie de la France (XXXVe année, 1846, p. 12 🔗), reprise ensuite dans plusieurs sources.

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